Il y a une décennie exactement aujourd’hui, en 2014 je publiais en ligne mon premier portrait peint et écrit. Sans imaginer que cela deviendrait une aventure hebdomadaire, une année durant, puis une très belle exposition au centre culturel français grâce à Catheline van den Branden. Ainsi, 52 portraits ont vu le jour chaque vendredi. Ces « Friday Face » sont nés à la fois de ma solitude d’expatriée coincée sous les tempêtes de neige de la côte Est, et de mon inlassable curiosité envers ces gens que je croisais principalement dans mon café préféré (4Acoffee), lieu catalyseur de ce que l’on peut appeler non pas le rêve, mais l’envers américain. Coupée de mes repères et des miens, sortie d’une vie parisienne très sociale, je voulais partager mes rencontres toutes plus incroyables les unes que les autres. De l’Iranien Farzad qui tenait la légendaire boulangerie kasher du coin, au sans-abri Spider marqué par les tatouages et les tragédies, en passant par la veuve d’un grand écrivain (Saul B), le photographe d’une des images du siècle, des chercheurs du MIT ou d’Harvard, des artistes devenus des stars depuis, jusqu’aux anonymes aux vies discrètes, dont certains sont devenus des amis à vie... ce projet qui dessine sans doute autant un portrait d’une certaine Amérique qui pleurait dans les rues au matin de l’élection de Trump, qu’un autoportrait de la Française exilée que j’étais, a changé ma vie de peintre et d’humaine.
Exactly a decade ago today, in 2014, I published my first painted and written portrait online. Without imagining that it would become a weekly adventure, lasting a year, and then a beautiful exhibition at the French Cultural Center thanks to Catheline van den Branden. As a result, 52 portraits have been released every Friday. These "Friday Face" were born of both my loneliness as an expatriate trapped under the snowstorms of the East Coast, and my tireless curiosity about the people I met mainly in my favorite café (4Acoffee), the catalyst for what we might call not the dream, but the American underside. Cut off from my landmarks and my peeps, and having left behind a very social Parisian life, I wanted to share with my family
and friends my encounters, each more incredible than the last. From the Iranian Farzad who ran the legendary kosher bakery on the corner, to the homeless Spider marked by tattoos and tragedy, to the widow of a great writer (Saul B), the photographer of one of the images of the century, researchers from MIT or Harvard, artists who have since become stars, to anonymous people with discreet lives, some of whom have become ifelong friends... this project, which is probably as much a portrait of a certain America crying in the streets on the morning of Trump's election as it is a self-portrait of the exiled Frenchwoman that I was, has changed my life as a painter and as a human being.